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tirs croisés en France contre les pratiques de Ryanair

Tirs croisés en France contre les pratiques de Ryanair

La compagnie à bas prix irlandaise suscite l'hostilité de certains élus locaux, qui l'accusent de chantage, et des syndicats, qui dénoncent le contournement de la réglementation sociale.

Quel est le point commun entre le président du Conseil général de Charente, le maire de Poitiers, la CGT d'Air France et Amnesty International ? Réponse : une hostilité certaine à l'égard de Ryanair. La compagnie à bas prix irlandaise est en effet au centre d'un feu croisé de critiques en France. Une situation qui n'est certes pas nouvelle, tant son patron, Michael Leary, est passé maître dans l'art de susciter la polémique. Mais l'addition des mécontents prend désormais des allures de front commun. Le 17 décembre dernier, le président du Conseil régional de Charente, Michel Boutant, lançait ainsi un appel à tous les élus de France pour une « riposte collective contre le chantage à la desserte aérienne ».

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A l'origine de cet appel, la menace de Ryanair de fermer sa ligne Angoulême-Londres, si le syndicat mixte de l'aéroport, présidé par Michel Boutant, ne consent pas à lui verser 175.000 euros de subvention supplémentaires. En 2007, les élus charentais avaient déjà accepté de débourser 925.000 euros sur trois ans pour faire venir la compagnie aérienne. Mais cette dernière, qui a transporté 27.000 passagers entre Londres et Angoulême en 2009, souhaite une rallonge pour rester. D'où la colère de Michel Boutant, apparemment soutenu par son collègue de Poitiers.

De quoi apporter de l'eau au moulin de la CGT d'Air France, engagée depuis plusieurs mois dans une discrète campagne de lobbying auprès des pouvoirs publics contre les « pratiques illégales » de Ryanair (« Les Echos » du 3 novembre).

« Des aides illégales »

Dans le collimateur des syndicats d'Air France, les aides diverses accordées à Ryanair par les chambres de commerce et d'industrie, « qui mettent en danger l'équilibre économique des entreprises qui respectent le droit français et européen », selon le secrétaire général de la CGT d'Air France, José Rocamora. « D'après nos dernières estimations, les aides illégales reçues par Ryanair en 2009 devraient approcher les 40 millions d'euros, affirme-t-il. Les trois quarts du bénéfice de Ryanair proviennent ainsi des aides que cette compagnie touche dans les différents pays européens. »

Les syndicats d'Air France espèrent ainsi encourager les pouvoirs publics à mieux encadrer ces pratiques, en engageant au besoin des poursuites contre les cas litigieux. Un premier dossier a déjà été transmis pour avis à la Commission européenne : celui de l'aéroport de Pau, où Ryanair opère deux lignes sur Londres et Charleroi.

A ce problème des aides s'ajoute celui des pratiques sociales chez Ryanair, déjà dénoncées dans un rapport d'Amnesty International. Ryanair reste la seule grande compagnie aérienne européenne où aucun syndicat n'est encore parvenu à s'implanter. Mais les syndicats français l'accusent également d'imposer à ses quelques salariés français des contrats de travail irlandais, afin d'échapper aux charges sociales. Une pratique qui avait déjà valu à EasyJet mais aussi à la filiale irlandaise d'Air France, Cityjet, des poursuites en justice.



30/12/2009
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