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EasyJet menace ADP

EasyJet s'oppose à ADP sur le mode de calcul des redevances


La compagnie britannique, devenue le deuxième client d'Aéroports de Paris derrière Air France, s'inquiète d'une modification de la base de calcul des redevances, susceptible d'entraîner une hausse des tarifs d'ADP.

Entre deux slogans vantant les mérites de sa compagnie, hier à Paris, le directeur France d'EasyJet, François Bacchetta, s'en est pris à Aéroports de Paris (ADP), accusé de vouloir relever abusivement ses tarifs. Non seulement les aéroports parisiens, « parmi les plus chers d'Europe », selon lui, avantageraient Air France dans la fixation de ses tarifs, mais, encore, ADP s'apprêterait à modifier le mode de calcul de ses redevances dans un sens défavorable à l'ensemble des compagnies.

Au centre de la polémique : la volonté d'Aéroports de Paris de passer d'un système dit de « caisse unique » à celui de la « double caisse », à l'occasion du prochain contrat de régulation économique pour la période 2011-2015, en cours de négociation. « Nous sommes totalement contre le système de la double caisse, qui est purement scandaleux et va pousser mécaniquement les redevances à la hausse », a déclaré François Bacchetta.

Jusqu'à présent, les hausses des redevances d'ADP, qui font l'objet d'un contrat de cinq ans entre l'Etat et ADP, étaient calculées en fonction des investissements et des recettes totales prévues, englobant non seulement les sommes versées par les compagnies, mais aussi les recettes commerciales générées par les loyers et commissions des boutiques, restaurants, hôtels, loueurs de voitures, banques, bureaux de change et panneaux publicitaires. Autant d'activités dites « annexes » qui ont représenté 144 millions d'euros de chiffre d'affaires et 368 millions d'actifs dans le bilan 2009.

Une mesure déjà entérinée

Mais, à partir de 2011, ces recettes commerciales ne seront plus prises en compte dans le base de calcul des hausses des redevances. Celles-ci ne seront donc établies qu'en fonction du chiffre d'affaires des activités régulées : à savoir le traitement des avions et des passagers. La mesure a déjà été entérinée par un décret du 17 décembre dernier, passé relativement inaperçu. Aéroports de Paris, qui préfère parler de « caisse unique aménagée » plutôt que de « double caisse », souligne que ce système, adopté par la majorité des grands opérateurs aéroportuaires, permettra de lier strictement le montant des investissements consentis pour les compagnies aux recettes qu'elles génèrent. « Aujourd'hui, les recettes tirées des commerces et de l'immobilier subventionnent en partie les investissements », affirme une porte-parole d'ADP.

Mais les transporteurs y voient surtout un moyen de justifier des hausses de redevances plus fortes à l'avenir. « Les clients des boutiques d'ADP sont ceux des compagnies aériennes, rétorque François Bacchetta. Pourquoi dissocier ces recettes ? » Pour l'heure, ADP se veut toutefois apaisant.

Après avoir gelé l'augmentation des redevances en 2010, le groupe a limité ses prétentions en la matière à + 1,38 % par an, hors inflation, pour la période 2011-2015, contre + 5 % par an de 2005 à 2010. Il attend désormais le feu vert du gouvernement, qui devrait se prononcer dans le courant de l'été. Un Etat à la fois juge et partie, puisqu'il détient encore 52 % du capital d'ADP.

Les Echos



18/03/2010
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