Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France, aime prendre de la hauteur. Fin avril, il avait choisi la terrasse du Marini's, un gratte-ciel de Kuala Lumpur, en marge du vol inaugural d'Air France dans la capitale malaisienne, pour confier que la compagnie réfléchissait à un nouveau "plan de départs" pour redresser ses comptes (Le Monde du 2 mai)
Mercredi 5 juin, c'est à bord d'un A380 d'Air France, de retour de l'assemblée générale de l'Association internationale du transport aérien (Iata), organisée au Cap (Afrique du Sud), qu'il a confirmé un durcissement du plan Transfom 2015, qui prévoit déjà 20 % de rentabilité supplémentaire et 2 milliards d'euros d'économies.
A l'occasion du comité central d'entreprise (CCE) d'Air France, organisé jeudi 6 juin, M. de Juniac, qui prendra la présidence du groupe Air France-KLM le 1erjuillet, devait annoncer que "des mesures complémentaires ciblées" nécessaires pour remettre la compagnie aérienne sur les rails.
Le PDG d'Air France a répété qu'il n'y "aurait pas de départs contraints jusqu'en décembre 2014", à l'échéance du plan Transform. Il n'empêche, rapporte Les Echos du 6 juin, un "nouveau plan de départs volontaires" de 1 000 postes est à l'étude. Il servirait principalement à résorber les sureffectifs dans les escales.
L'ACTIVITÉ CARGO ET LE TRANSPORT DE FRET, DANS LE ROUGE
Selon Air France, "plus de 70 % des projets prévus par Transform ont été mis en place". L'avancée de la restructuration de la compagnie serait "dans le plan de marche". Toutefois, comme il l'a déjà annoncé en janvier, M. de Juniac, va activer"la clause de rendez-vous" avec les organisations syndicales pour examiner avec elles si "le plan Transform est toujours adapté" à la conjoncture économique et à la concurrence.
Syndicats et direction se retrouveront début octobre, à l'occasion d'un nouveau CCE. Pour autant, M. de Juniac prévoit toujours de redevenir profitable dès 2014.
Le court et moyen-courrier et l'activité cargo sont dans la ligne de mire de la direction. Au premier trimestre, les pertes du court et moyen-courrier "ont été stabilisées", se félicite Air France. Mais le trou s'est creusé ces dernières années. Les pertes ont culminé à 700 millions d'euros en 2012, contre 540 millions en 2011.
D'ici à octobre, la direction, qui ne veut pas toucher au "périmètre d'Air France", va toutefois "réfléchir ligne par ligne". Finalement, selon qu'elles sont rentables ou non, les destinations pourraient être réaffectées "à Air France, à Hop, sa filiale régionale, ou à Transavia, sa compagnie à bas coûts".
"Si Air France ne peut rentabiliser une ligne, n'est-il pas préférable de la transférer à Transavia ou Hop plutôt que de la laisser à la concurrence", comme l'a choisi British Airways, a déclaré, mercredi, M. de Juniac. Air France pourrait emprunterune démarche en partie similaire à celle de Lufthansa qui a placé son activité déficitaire court et moyen-courrier sous la bannière de Germanwings, sa filiale à bas coûts.
La direction réfléchit aussi à l'avenir "du modèle économique" de l'activité cargo, le transport de fret, toujours dans le rouge. Enfin, l'avenir des bases de provinces, à Marseille, Toulouse et Nice, sera "examiné au cas par cas" d'ici à octobre. La direction précise "qu'il n'y a pas de fermeture à l'ordre du jour pour l'instant".p